Programme intégré de reconstruction des zones sinistrées : un engagement multidimensionnel
Suite au séisme tragique qui a frappé le Haut Atlas en septembre 2023, l’État marocain a lancé un ambitieux Programme intégré de reconstruction et d’amélioration des zones sinistrées, couvrant la période de 2024 à 2028. Dévoilé par le roi Mohammed VI le 20 septembre, ce programme vise à renforcer la résilience des six provinces et préfectures touchées : Marrakech, Al Haouz, Taroudant, Chichaoua, Azilal et Ouarzazate. Il concerne une population de 4,2 millions d’habitants, avec une vision ambitieuse de redressement et de développement durable.
L’État marocain a adopté une approche proactive et structurée dans la gestion de cette crise, s’inspirant des méthodes employées lors de la pandémie de Covid-19. Le programme a été élaboré lors de réunions stratégiques présidées par le roi, réunissant divers ministères et hauts responsables. Dès le 9 septembre, les Forces Armées Royales (FAR) ont été mises à contribution pour coordonner les efforts de secours et de sauvetage. Le 14 septembre, l’État a annoncé des mesures immédiates de relogement, en réponse à l’urgence humanitaire, avec la création de solutions d’hébergement provisoires adaptées aux conditions climatiques difficiles de la région.
Les objectifs sectoriels du programme
Le Programme de reconstruction se décline en plusieurs objectifs sectoriels chiffrés, visant à remettre en état les infrastructures détruites, tout en intégrant des solutions durables pour les communautés affectées. La priorité est donnée à une gouvernance exemplaire, visant à garantir la transparence, la rigueur et la rapidité des interventions. Le roi Mohammed VI a insisté sur l’importance de faire preuve de solidarité et de cohésion sociale à travers ce programme, en assurant une écoute constante des besoins des populations locales et en favorisant une approche inter-régionale, inter-générationnelle et inter-catégorielle.
Un budget conséquent pour une reconstruction multidimensionnelle
Le budget alloué à cette phase de reconstruction, estimé à 120 milliards de dirhams, témoigne de l’ampleur de l’opération. Ce montant vise à réhabiliter non seulement les infrastructures détruites mais aussi à soutenir le développement socio-économique des régions sinistrées. Bien que les annonces initiales aient été faites en un temps record, à peine dix jours après le séisme, elles suscitent des interrogations sur la capacité de l’État à effectuer un diagnostic précis des besoins en si peu de temps, dans un contexte de chaos et de sidération nationale. Néanmoins, l’objectif est clair : mettre en place des solutions durables et adaptées aux spécificités de chaque territoire affecté.
Les quatre composantes clés de la reconstruction
Le programme se structure autour de quatre axes principaux :
Relogement et reconstruction : Priorité est donnée au relogement des personnes sinistrées et à la reconstruction des logements et infrastructures. Des solutions adaptées, tenant compte des particularités locales pour répondre aux besoins urgents.
Désenclavement et mise à niveau des territoires : La réhabilitation des routes et des infrastructures de transport pour reconnecter les zones rurales et montagneuses, facilitant ainsi l’accès aux services essentiels.
Réduction des déficits sociaux : Combler les déficits en matière de santé, d’éducation et de services sociaux, particulièrement dans les zones montagneuses les plus touchées par le séisme.
Stimulation de l’économie et de l’emploi : Le programme mise sur la valorisation des initiatives locales et la promotion de l’activité économique afin de stimuler l’emploi et l’entrepreneuriat dans les régions sinistrées.
Axes transversaux : gouvernance, environnement et patrimoine
Lors de ses orientations du 20 septembre 2023, le roi Mohammed VI a insisté sur trois axes transversaux essentiels pour la réussite du programme :
Dimension territoriale : Il s’agit de décliner la vision de reconstruction en fonction des besoins spécifiques de chaque province et préfecture, en tenant compte des particularités géographiques et sociales.
Solutions adaptées : L’État met un accent particulier sur l’écoute des populations locales afin de proposer des solutions véritablement adaptées à leurs attentes et aux réalités du terrain.
Dimension environnementale et patrimoniale : Le programme intègre une dimension environnementale forte, visant à protéger les ressources naturelles, tout en préservant le patrimoine culturel et les traditions locales qui font la richesse de ces régions.
Accès à l’information et transparence
Une des priorités de ce programme est l’accès à l’information et la transparence. L’État s’est engagé à garantir une communication claire et régulière sur l’avancement du programme, à travers des mécanismes de suivi et de reporting publics. Cela permet de rendre compte de l’utilisation des fonds, et de maintenir une confiance accrue entre les citoyens, les autorités locales et les bailleurs de fonds.
Conclusion
Le Programme de reconstruction des zones sinistrées est un projet d’une ampleur sans précédent, qui incarne la volonté du Maroc de se relever plus fort après la catastrophe. Avec un budget conséquent, une approche territoriale et une attention particulière à l’environnement et au patrimoine, ce programme offre une vision claire du redressement des zones affectées. Si sa mise en œuvre reste un défi majeur, les principes d’adaptabilité, de cohésion et de solidarité affichés par le gouvernement promettent une transformation profonde des régions concernées, propulsant ainsi le Maroc vers un avenir plus résilient et solidaire.