Lancement du premier rapport annuel de l’Observatoire du programme de reconstruction post-séisme du Grand Atlas : une évaluation critique de l’action publique

Reconstruction post-séisme du Grand Atlas

Maison détruite dans une zone sinistrée près de Ouarzazate après le séisme de 2023

Le 8 septembre 2023, le Maroc a été frappé par un séisme dévastateur qui a causé la perte tragique de 3 000 vies et blessé plus de 5 700 personnes, tout en affectant près de 2,8 millions de citoyens. Quatre provinces du pays – Al Haouz, Marrakech, Chichaoua et Taroudant – ont été particulièrement touchées. Les autorités publiques ont alloué un budget de 120 milliards de dirhams sur cinq ans pour la reconstruction et la réhabilitation des zones sinistrées. Ce programme ambitieux devait offrir un modèle de développement régional intégré et durable. Cependant, un an après le tremblement de terre, les premiers résultats laissent entrevoir de sérieuses lacunes.

Dans ce contexte, Transparency Maroc (TM) a lancé l’Observatoire du Programme de Reconstruction Post-Séisme du Grand Atlas, un projet d’évaluation indépendant visant à analyser l’efficacité de l’action publique et à promouvoir la transparence et la bonne gouvernance dans la gestion des fonds alloués à la reconstruction. Ce projet, soutenu par la Fondation Heinrich Böll (HBS) – Bureau de Rabat, présente son premier rapport annuel, un bilan citoyen sur l’avancement du programme de reconstruction au cours de sa première année.

Les missions de l’Observatoire

Dans le cadre de ses activités, l’Observatoire a pour missions principales de recueillir, analyser et diffuser l’information sur l’avancement du programme de reconstruction. En tant que mécanisme indépendant, l’Observatoire veille à alerter en cas de déviation des objectifs initiaux du programme et à garantir la transparence dans l’utilisation des fonds publics.

Les objectifs spécifiques de l’Observatoire incluent :

  • Recueillir et analyser l’information pour la rendre accessible au public, via la presse et les rapports produits.
  • Promouvoir la participation citoyenne et la sensibilisation aux enjeux de gouvernance et à l’utilisation des fonds publics.
  • Contribuer à la mise en œuvre du programme de reconstruction en s’assurant qu’il respecte les principes de transparence et de bonne gouvernance.
  • Encourager des solutions de reconstruction durables, tenant compte des spécificités culturelles et patrimoniales des régions sinistrées.
  • Lutter contre toute déviation ou tentative de corruption, et formuler des recommandations pour améliorer la gestion du programme.

Un modèle de gouvernance et de transparence

L’Observatoire vise à instaurer un système indépendant garantissant une gestion transparente des ressources allouées au programme de reconstruction. Grâce à des enquêtes de terrain et des rapports détaillés, l’Observatoire œuvre pour une meilleure gestion des marchés publics, la promotion d’une concurrence loyale et l’amélioration de l’efficacité du programme.

Le rapport annuel de l’Observatoire se veut un outil de sensibilisation qui permet de rendre compte des défis rencontrés tout en offrant des recommandations concrètes pour améliorer la gestion de la reconstruction. Il met en lumière les défaillances observées, tout en soulignant la nécessité de redresser la situation pour mieux répondre aux besoins des populations sinistrées.

L’engagement de Transparency Maroc

Avec ce projet, Transparency Maroc réaffirme son engagement à défendre les principes de gouvernance transparente et responsable. À travers l’Observatoire, l’ONG entend également honorer la mémoire des victimes du séisme, en veillant à ce que les fonds destinés à la reconstruction soient utilisés de manière éthique et qu’aucune déviation n’affecte le bien-être des citoyens touchés.

Le rapport, publié pour la première fois, constitue un premier pas vers une évaluation continue des actions entreprises par l’État et ses partenaires dans le cadre du programme de reconstruction. Il met également en lumière les difficultés rencontrées par les populations sinistrées et les solutions proposées pour améliorer les conditions de vie dans les régions du Haut Atlas.

Une évaluation critique de l’action publique

Le rapport met en lumière l’évaluation de l’action de l’État central, en se concentrant sur ses rôles et ses responsabilités dans la mise en œuvre du programme. L’approche choisie par l’Observatoire est claire : mesurer l’action de l’État par rapport aux engagements qu’il a pris, notamment en termes de gestion, de gouvernance, de financement et d’exécution. L’objectif du rapport est de donner une vision réaliste de la mise en œuvre de la reconstruction, sans se disperser entre les multiples initiatives des différents acteurs (associations, ONG, coopération internationale, etc.).

Le principal constat de cette évaluation est que l’action publique menée pour répondre aux besoins des zones et des populations sinistrées au cours des douze derniers mois a été largement en deçà des attentes et des promesses faites. L’État et ses agents n’ont pas réussi à transformer ce programme en « un modèle exemplaire » de développement régional intégré, comme cela avait été annoncé. Des problèmes de mise en œuvre, de transparence et de gouvernance ont été identifiés, entravant l’efficience du programme.

Le rapport présente de manière factuelle et documentée les difficultés rencontrées. L’échec observé au cours de cette première année de reconstruction a des conséquences directes et dramatiques pour la population. Près de 2,8 millions de Marocains, dont la vie a été profondément perturbée par le séisme, continuent de souffrir des retards et des lacunes dans la gestion du programme. L’espoir que le programme puisse répondre à leurs besoins dans un délai raisonnable semble désormais décalé, avec des attentes qui ne seront pas pleinement satisfaites avant la deuxième année de mise en œuvre.

L’action publique s’est donc révélée bien insuffisante pour redresser efficacement la situation dans les zones touchées, et des efforts supplémentaires seront nécessaires pour rattraper le retard accumulé.

Dans nos prochains articles, nous explorerons en détail les contours du programme étatique de reconstruction, ses acteurs et ses financements. Nous ferons également un bilan d’une première année d’action publique et les défis qu’elle a rencontrés. Restez connectés pour découvrir une analyse approfondie de cette première phase cruciale de la reconstruction post-séisme du Haut Atlas.

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